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專家:《將進酒》讀jiāng,而不是qiang,李白詩歌法語版

 美學(xué)中醫(yī) 2021-04-23

李白的《將進酒》詩,幾乎人人讀過,甚至能背誦。但這里“將”字的讀音,卻存在不同意見。按本字應(yīng)該讀jiāng,但課本卻告訴我們讀qiāng。究竟哪個正確?對此,葉嘉瑩先生表示,這個字從來都讀jiāng!來聽聽她怎么說。


葉嘉瑩先生吟誦《將進酒》

今天,讓我們來學(xué)習一下唐代著名詩人李白和杜甫的詩歌法文版,由法國漢學(xué)家翻譯。

李 白

李白 . 靜夜思

Pensée dans une nuit tranquille

床頭明月光,

疑是地上霜。

舉頭望明月,

低頭思故鄉(xiāng)。

Devant mon lit j'aper?ois un rayon de lune

Je me demande si le givre a recouvert le sol

Je lève la tête et je regarde la lune

Je baisse la tête et je songe à mon pays.

(Traduction: Renaud Bouret) ■

李 白

李白 . 將進酒

Chanson à boire

君不見黃河之水天上來,

奔流到海不復(fù)回。

君不見高堂明鏡悲白發(fā),

朝如青絲暮成雪。

人生得意須盡歡,莫使金樽空對月。

天生我才必有用,千金散盡還復(fù)來。

烹羊宰牛且為樂,會須一飲三百杯。

岑夫子,丹丘生,將進酒,杯莫停。

與君歌一曲,請君為我傾耳聽。

鐘鼓饌玉何足貴,但愿長醉不愿醒。

古來圣賢皆寂寞,唯有飲者留其名。

陳王昔時宴平樂,斗酒十千恣歡謔。

主人為何言少錢,徑須沽取對君酌。

五華馬,千金裘。呼兒將出換美酒。

與爾同銷萬古愁。

Seigneur, ne voyez-vous donc point les eaux du fleuve Jaune?

Elles descendent du ciel et coulent vers la mer sans jamais revenir.

Seigneur, ne regardez-vous donc point dans les miroirs qui ornent votre noble demeure,

Et ne gémissez-vous pas en apercevant vos cheveux blancs?

Ils étaient ce matin comme les fils de soie noire,

Et, ce soir, les voilà déjà mêlés de neige.

L’homme qui sait comprendre la vie doit se réjouir chaque fois qu’il le peut,

En ayant soin que jamais sa tasse ne reste vide en face de la lune.

Le ciel ne m’a rien donné sans vouloir que j’en fasse usage;

Mille pièces d’or que l’on disperse pourront de nouveau se réunir.

Que l’on cuise donc un mouton, que l’on découpe un b?uf, et qu’on soit en joie;

Il faut qu’ensemble aujourd’hui, nous buvions d’une seule fois trois cents tasses.

Les clochettes et les tambours, la recherche dans les mets ne sont point choses nécessaires,

Ne désirons qu’une longue ivresse, mais si longue qu’on n’en puisse sortir.

Les savants et les sages de l’Antiquité n’ont eu que le silence et l’oubli pour partage;

Il n’est vraiment que les buveurs dont le nom passe à la postérité.

(Traduction de Hervey-Saint-Denys)■

李 白

李白 . 子夜四時歌

La chanson des quatre saisons

一:春歌

秦地羅敷女 采桑綠水邊

素手青條上 紅妝白日鮮

蠶饑妾欲去 五馬莫留連

二:夏歌

鏡湖三百里 菡萏發(fā)荷花

五月西施采 人看隘若耶

回舟不待月 歸去越王家

三:秋歌

長安一片月 萬戶搗衣聲

秋風吹不盡 總是玉關(guān)情

何日平胡虜 良人罷遠征

四:冬歌

明朝驛使發(fā) 一夜絮征袍

素手抽針冷 那堪把剪刀

裁縫寄遠道 幾日到臨洮

Dans le pays de Qin, la charmante Luofu

Cueillait des feuilles de m?rier, aux bords d’une eau transparente,

Ses blanches mains posées sur les branches vertes,

Son teint resplendissant illuminé par un beau soleil.

Elle disait: Les vers à soie ont faim, le soin de les nourrir m’appelle;

Il ne faut pas, seigneur, que vos cinq chevaux piétinent plus longtemps ici.

Sur le lac Jinghu qui a trois cents li de tour,

Quand les fleurs du nénuphar s’épanouissent,

On est alors au cinquième mois, et les jeunes filles vont les cueillir.

Si nombreux sont les spectateurs que la rive en para?t étroite.

Les bateaux n’attendent plus la lune, pour les guider à leur retour;

Ils s’en reviennent en plein jour au palais du roi de Yue.

La lune ne jette qu’une lueur incertaine,

Les coups mille fois répétés, que frappe le battoir des laveuses,

Se mêlent au gémissement du vent d’automne.

Cette triste harmonie s’accorde avec de tristes pensées.

Hélas! quand donc aura-t-on pacifié les barbares!

Quand donc l’époux bien-aimé cessera-t-il de combattre au loin!

Un courrier part demain de grand matin pour la frontière;

La nuit se passe à doubler chaudement des habits.

De jolis doigts ont pris bravement l’aiguille glacée;

Mais ces ciseaux plus froids encore, que de courage pour les saisir!

Enfin tout est taillé, tout est cousu; l’ouvrage est confié au courrier qui s’éloigne.

Combien de jours lui faudra-t-il pour arriver à Lintao?

(Traduction de Hervey-Saint-Denys) ■

李 白

下終南山過斛斯山人宿置酒

Le poète descend du mont Zhongnan et passe la nuit à boire avec un ami

暮從碧山下

山月隨人歸

卻顧所來徑

蒼蒼橫翠微

相攜及田家

童稚開荊扉

綠竹入幽徑

青蘿拂行衣

歡言得所憩

美酒聊共揮

長歌吟松風

曲盡河星稀

我醉君復(fù)樂

陶然共忘機

Le soir étant venu, je descends de la montagne aux teintes bleuatres;

La lune de la montagne semble suivre et accompagner le promeneur,

Et s'il se retourne pour voir la distance qu'il a parcourue,

Son regard se perd dans les vapeurs de la nuit.

Nous arrivons en nous tenant par la main devant une rustique demeure,

Un jeune gar?on nous ouvre la barrière formée de rameaux entrelacés;

Nous passons par un étroit sentier dont les bambous touffus rendent l'entrée mystérieuse,

Et les grandes herbes verdoyantes fr?lent gaiement la soie de nos vêtements.

Ma joie éclate de nous trouver ensemble dans cette retraite charmante,

Nous nous versons l'un à l'autre un vin d'une saveur exquise;

Je chante, je chante la chanson du vent qui souffle à travers les pins,

Et ma verve ne s'épuise qu'à l'heure où s'efface la voie lactée.

J'ai perdu ma raison et cela excite encore votre gaieté, mon prince;

Nous oublions tous deux, avec délices, les préoccupations de la vie réelle.

(Traduction de Hervey-Saint-Denys) ■

杜 甫

杜甫 . 春望

En regardant le printemps

國破山河在,城春草木深。

感時花濺淚,恨別鳥驚心。

烽火連三月,家書抵萬金。

白頭搔更短,渾欲不勝簪。

Le pays est dévasté, il ne reste plus que les monts et les fleuves

Dans la ville, le printemps est un fouillis de feuilles et d'herbes

Les fleurs affligées laissent tomber leurs larmes

Agités par les séparations, les oiseaux sont éperdus.

Les feux d'alarme ont br?lé sans cesse pendant trois mois

On donnerait dix mille pièces d'or pour des nouvelles du foyer

Je gratte ma tête chenue, il me reste si peu de cheveux

Que bient?t les épingles ne les retiendront plus.

(Traduction de Georgette Jaeger) ■

杜 甫

杜甫 . 佳人

Une belle jeune femme

絕代有佳人,幽居在空谷。

自云良家女,零落依草木。

關(guān)中昔喪亂,兄弟遭殺戮。

官高何足論,不得收骨肉。

世情惡衰歇,萬事隨轉(zhuǎn)燭。

夫婿輕薄兒,新人美如玉。

合昏尚知時,鴛鴦不獨宿。

但見新人笑,那聞舊人哭。

在山泉水清,出山泉水濁。

侍婢賣珠回,牽蘿補茅屋。

摘花不插發(fā),采柏動盈掬。

天寒翠袖薄,日暮倚修竹。

Il est une femme qui, par sa beauté, l’emporte sur les générations passées, comme sur la génération présente;

Elle vit dans la solitude, au fond d’une vallée déserte.

Elle se dit: Je suis fille d’une maison illustre;

Tombée dans le malheur, c’est aux lieux sauvages que je demande un asile.

De grands désastres ont ensanglanté ma patrie,

Mes frères a?nés et mes frères cadets sont morts égorgés;

Ils étaient grands, ils étaient puissants parmi les hommes,

Et je n’ai pas même pu recueillir leur chair et leurs os pour les ensevelir.

Les sentiments du siècle sont de fuir et de ha?r tout ce qui tombe,

Se croire assuré de quelque chose, c’est compter sur la flamme d’une lampe qu’on promène au vent.

Mon époux n’a ni force ni grandeur; il est comme les gens du siècle;

Que sa nouvelle épouse soit belle comme le jade, et cela lui suffit.

L’oiseau yuan n’abandonne jamais sa compagne:

La fleur du soir est toujours fidèle à la nuit.

Mon époux! Il a devant les yeux le sourire de sa nouvelle femme;

Est-ce qu’il entendrait les pleurs de celle qu’il ne voit pas!

L’eau de source se maintient pure, tant qu’elle demeure dans la montagne;

Mais qu’elle s’épanche au-dehors, elle perd bient?t sa limpidité.

J’envoie mes femmes vendre au loin les perles de ma parure,

Et ne m’adresse qu’aux plantes grimpantes, pour réparer ma maison de roseaux.

Mes femmes m’apportent des fleurs, je refuse d’en orner ma chevelure;

Ce que je prends à pleines mains ce sont des branches de cyprès.

Le ciel est froid. Les manches de ma robe bleue sont légères.

Quand le soleil se couche, je cherche un abri sous les grands bambous.

(Traduction de Hervey-Saint-Denys) ■

杜 甫

杜甫 . 天末懷李白

à l'autre bout du monde en pensant à Li Bai

涼風起天末,君子意如何。

鴻雁幾時到,江湖秋水多。

文章憎命達,魑魅喜人過。

應(yīng)共冤魂語,投詩贈汨羅。

Le vent qui souffle sous ces cieux est froid

Dis-moi à quoi tu penses, mon ami

Les oies sauvages ne m'apportent aucune nouvelle

Les fleuves et les lacs sont gonflés de pluie d'automne.

Hélas, les poètes sont méconnus ici-bas

Les esprits des montagnes se moquent des voyageurs

Joins tes plaintes à celles du malheureux fant?me

Jette un poème pour lui dans la Miluo.

(Traduction de Georgette Jaeger) ■

杜 甫

杜甫 . 月夜

Nuit de lune

今夜鄜州月,閨中只獨看。

遙憐小兒女,未解憶長安。

香霧云鬟濕,清輝玉臂寒。

何時倚虛幌,雙照淚痕干!

La lune brillera ce soir sur Fuzhou

Ma femme sera seule à la fenêtre pour la contempler

De loin, je plains aussi nos enfants

Trop jeunes encore pour penser à Chang'an.

Le nuage de ses cheveux parfumés est humide de brume

Ses bras de jade sont frais dans la clarté lunaire

Quand nous retrouverons-nous devant les rideaux ajourés

Laissant le clair de lune sécher les traces de nos larmes?

(Traduction de Georgette Jaeger)■

杜甫 . 夢李白

Le poète voit en songe son ami Li Bai

死別已吞聲,生別常惻惻。

江南瘴癘地,逐客無消息。

故人入我夢,明我常相憶。

君今在羅網(wǎng),何以有羽翼?

恐非平生魂,路遠不可測。

魂來楓林青,魂返關(guān)塞黑。

落月滿屋梁,猶疑照顏色。

水深波浪闊,無使蛟龍得。

浮云終日行,游子久不至。

三夜頻夢君,情親見君意。

告歸常局促,苦道來不易。

江湖多風波,舟楫恐失墜。

出門搔白首,若負平生志。

冠蓋滿京華,斯人獨憔悴。

孰云網(wǎng)恢恢,將老身反累。

千秋萬歲名,寂寞身后事。

I

Si c’est la mort qui nous sépare, je devrais rendre ma douleur muette;

Si nous ne sommes séparés que par la distance, mon chagrin doit élever la voix.

Hélas! le climat du Jiangnan est le plus meurtrier des climats;

Et mon ami est dans le Jiangnan, et je suis sans nouvelles de lui.

Mon ami m’est apparu en songe,

Car nos esprits se cherchent constamment;

Mais l’esprit qui m’a visité, était-ce l’esprit d’un homme vivant?

La route de Jiangnan est si longue que ce doute cruel ne peut, de longtemps, être éclairci.

L’ombre s’est avancée, au milieu d’un bois verdoyant;

Puis je l’ai vu s’éloigner, et franchir de sombres barrières.

O mon ami! m’écriai-je, vous qui étiez dans les liens,

Où donc avez-vous pris des ailes, pour voler aujourd’hui près de moi?

Je m’éveillai. La lune inondait ma chambre de sa blanche lumière;

Puis-je espérer qu’elle éclaire aussi celui dont je suis séparé!

Et, s’il a recouvré sa liberté, que de dangers le menacent encore!

Les barques sont si fragiles, les monstres marins si féroces et les flots si profonds!

(Traduction de Hervey-Saint-Denys)

II

Jusqu'au soir, je regarde les nuages qui passent

Voyageur, mon ami, tu n'es pas revenu depuis longtemps

Trois nuits de suite, j'ai rêvé de toi

L'affection que je te porte me fait partager tes pensées.

Tu semblais dire que tu hésitais à revenir

La route t'avait paru si difficile à l'aller

Il y a des tempêtes sur les lacs et les fleuves

Tu craignais que ton frêle bateau ne soit emporté.

Alors, tu es parti, grattant ta tête blanche

Comme si le poids de la vie te paraissait trop lourd

La capitale est pleine d'hommes qui font carrière

Toi seul, tu es plongé dans l'affliction et le malheur.

Qui dit que les mailles du filet du Ciel sont laches?

Voici un homme vieillissant qui s'y est pris

Une gloire de mille, de dix mille années

à quoi peut-elle nous servir après la mort? 

(Traduction de Georgette Jaeger)

■ 詩 歌 ■

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